mercredi 14 juillet 2010

Moi et le Premier Ministre du Québec



Il faut bien se rendre au Rochers sculptés pour rencontrer M. Jean Charest. Je ne savais pas qu'il était déjà connu à la fin du XIXeme siècle!!


Vous ne trouvez pas qu'il lui ressemble un peu?

Excusez-moi pardon?

Je suis en France, sur ce point il n’ y a pas de doute possible. La langue officielle de la France est la même que celle du Québec : le français! Non, nous ne parlons pas le canadien ni le québécois, comme certains le croient ici, mais bien le français. Selon les dires de Gilles Foucqueron, historien, nous, Québécois, aurions conservé l’essence de la langue française d’origine. Bien que nous ayons connu un fort métissage entre le français et l’anglais, nous avons su fièrement préserver le français. Bien sûr les français parlés sur la belle province et en France se reconnaissent des différences. Pour nos « cousins » européens, il y a d’abord l’accent qui chante. Trop souvent associé à celui de leurs paysans. Notre accent québécois les fait sourire du coin des lèvres, leur vole un sourire involontaire ou les fait légèrement ricaner. Plus rarement, certains s’exclament qu’il est bizarre de nous entendre parler mais le pire c’est lorsqu’ils appellent leurs collègues, amis ou enfants pour que ceux-ci nous entendent et que tous s’alignent, nous demandant de parler sans aucun but ou contenu, les yeux et la bouche béats dans l’attente de la première syllabe prononcée. De quoi se sentir dénaturé de toute fonction humaine, quoi!
Toute cette introduction ouvre sur une anecdote rencontrée il y a environ une semaine. Nous étions en voiture Sébastien (ou monsieur la bine) et moi et nous dirigions vers la commande à l’auto d’un Quick (version française d’un Burger King). Je ne suis pas fière de mentionner que j’ai mangé du « fast food » en France, pas plus que je ne le suis lorsque ça m’arrive au Québec, mais je voulais constater l’américanisation des français!! Donc, nous voilà à la commande à l’auto (communément appelé le drive par les français!?). Sébastien me demande ce qui ferait le bonheur de mon estomac (mais surement pas celui de ma condition physique), je lui signale le beef crispy oinions, il me lance un regard que je ne déchiffre pas sur le moment mais que je n’ai pas tardé à comprendre. Pour sa part, Sébastien a choisi ce qu’il y avait de plus gros, évidemment : le Giant Max. Une fois à la hauteur de l’intercom, Sébastien abaisse sa fenêtre. Une jeune fille le salue et lui propose de prendre sa commande alors il lui demande un menu composé du fameux Giant Max, elle le fait répéter, ce qu’il fait. Ensuite, la jeune dame répète la commande avec l’accent que seuls les français peuvent prendre pour prononcer l’anglais. Avec un point d’interrogation d’imprimé dans le visage, Sébastien lui demande de répéter, ce qu’elle fait. Déjà à ce moment, bien enfoncée dans mon siège passager, j’avais commencé à ricaner et je déchiffrais le regard lancé par Sébastien quelques minutes auparavant. Finalement, elle lui demande s’il veut la sauce country (prononcé counetri) ou spicy (prononcé spaillci). Bien évidemment, il le lui fait répéter, ce qu’elle fait à nouveau, dans un début d’impatience palpable. Lorsqu’il comprend la demande, Sébastien lui sort son accent bien anglo et choisi country, qu’elle ne comprend pas du premier coup, lui demandant alors gentiment de répéter, ce qu’il fait sans dissimuler son impatience. Malgré la tension, elle le fait répéter encore. À ce moment, Sébastien se retourne vers moi dans un état d’outrance que je ne lui reconnais que rarement et me dit, pendant que je me tortille de rire et que j’essuie deux grosses larmes de rire dans le coin de mes yeux, « Ça serait plus facile de se comprendre si je parlais en anglais! ». Il me témoigne son imminente envie d’entrée et de refaire sa commande en personne mais je le convainc de poursuivre, au moins parce que ça me fait mourir de rire! Il se retourne vers l’intercom et se décide à emprunter l’accent français de France (counetri !). Ça a du bon, la demoiselle comprend et lui demande quelle boisson monsieur désire mais voilà qu’elle ne répond plus dans l’intercom… On patiente et elle n’est pas encore revenue. On comprend un peu plus tard qu’elle avait déposé son micro pour rire. Elle lui demande s’il y a autre chose… Bien sûr , il y a MA commande, Sébastien se retourne et vérifie mon choix que je peine à lui rappeler entre deux éclats de rire. Il se retourne et demande un menu beef crispy oinion… Arrivé à la fenêtre, la demoiselle arbore un sourire espiègle et réservé, avant de nous dire qu’elle aime le Québec, qu’elle y est allée une semaine et de nous donner nos sacs. Ce n’est que quelques mètres plus loin que l’on a pu constater que la commande était incomplète dans le sac. Aaaah! Le français pas toujours facile!

Je ne suis pas vraiment désolée!

Boris Vian était snob et le chantait avec une certaine touche de nonchalance. Moi? Je suis un tantinet infidèle et négligente à souhait! Oui chers lecteurs, je vous néglige, je pense à vous pourtant plus souvent qu’autrement, mais je ne prends que peu la peine de m’installer devant l’écran pour vous raconter mes émois, mes aventures, mes humeurs. Je suis infidèle à mon blog, ne flirtant avec lui que pour me rendre à l’évidence qu’il est vide et qu’il ressemble à un arbre qui n’a pas éclos au printemps. Ses branches s’exposent pleines de promesses d’aventures colorées, mais la timidité des bourgeons laisse ces dernières maigrement vides.

Loin de nous, il y a plusieurs siècle, Descartes a prononcé cette phrase qui a passé à l’histoire et que l’on répète à toutes les sauces Je pense, donc je suis, pour ma part, j’aurais tendance à dire aujourd’hui loin de vous tous Je vis, donc j’oubli. Bien qu’elle expose une réalité qui touche une proportion de voyageurs importante, je ne crois pas que cette phrase passera à l’histoire, mais elle résume parfaitement la condition dans laquelle se trouve mon blog.

Je fais partie de ceux donc les mères angoisses sans nouvelle, donc les amis se surprennent à recevoir une carte postale ou à entendre la voix à des milliers de kilomètres de distance. Je suis de ceux qui pourraient disparaître et que l’on s’en apercevrait beaucoup trop tard, de ceux qui parfois se réveillent en plein cœur de la nuit et se souviennent soudainement qu’ils appartiennent à une autre terre que celle sur laquelle ils ont foulé le sol durant les derniers mois. Je vis dans les lointaines pensées d’amis qui attendent mon retour sans trop l’espérer, dans l’impatience de mes proches à entendre mes méandres et à rêver d’aventures accroché au bout du fil.
Je ne suis pas vraiment désolée, parce que je vous sais heureux de savoir que je profite de mon temps ici, mais je ne vous laisserai pas partir de cette lecture bredouille…quand même!