mercredi 5 mai 2010

Des larmes dans la mer



Dimanche dernier, je lâche un coup de fil à mes parents, sans réponse ! C'est possible, ils ont pris l'habitude d'aller marcher chaque fois que j'appelle, ou plutôt, j'ai la bosse d'appeler chaque fois qu'ils vont marcher. Pas de problème! Je suis légèrement déçue, j'aurais aimé entendre la voix de ma mère que j'aime tant. Je laisse un message sur le répondeur.

Lundi, je travaille seule à la Maison du Québec, j'attends la fin de la journée pour une seconde tentative de rejoindre mes parents. Cette fois, je téléphone au travail de ma mère pour ne pas la manquer. On me dit qu'elle s'est absentée pour la journée dans le but de rendre visite à sa mère. Oups! Le coeur me sert. Il me semble que ce n'est pas le genre de ma mère.... Je remercie la dame avant de raccrocher. Je dépose le combiné, quelques voix intérieures se contredisent. D'une part, je m'inquiète, peut-être l'état de santé de ma grand-mère aurait-il dépéri plus rapidement que je l'aurais cru ? De l'autre côté, je me rassure, grand-maman avait peut-être seulement besoin de quelqu'un pour l'accompagner à un traitement. Je décroche à nouveau, je compose le numéro de la maison de mes parents. Il suffit que papa réponde et j'en aurai le coeur net.

Un coup, deux coups, trois coups...MAIS ALLEZ DÉCROCHE!! quatre coups et le répondeur embarque. Si papa n'est pas là c'est que ma peur peut tranquillement se confirmer. Je laisse un message tremblant sur la bande sonore : "C'est Mia, je sais que vous êtes chez grand-maman euh... (tentant de contenir mon stress, me disant que je recevrais bientôt un message de maman me confirmant que grand-maman allait bien) que se passe-t-il ? J'aimerais avoir des nouvelles... Je vous aime, donnez-moi des nouvelles.... Je vous aime très fort tous les deux...vraiment...alors donnez-moi des nouvelles...Ah oui! je vais bien au cas où vous vous le demandiez euh...c'est ça!"

Mercredi matin, je rate le bus pour le manoir Jacques Cartier, "c'est pas grave, j'irai cet après-midi." Je retourne au foyer des jeunes travailleurs. Il n' y a personne à la borne internet, je m'y installe, j'ouvre ma boîte de courriels. 3 messages, mon amoureux, ma soeur et ma mère. Le sujet du message de ma mère est " des nouvelles" Je l'ouvre confiante et au premier regard je comprends instantanément! Un message anormalement long pour ma mère, pas de paragraphes ce qui trahi l'émotion. La gorge me serre peu à peu, j'essaie de rester calme pour lire correctement et j'arrive soudainement au passage :" grand-maman est décédée hier, nous sommes tristes, mais heureux à la fois car elle souffrait beaucoup. Sois en paix, car elle l'était. Avant qu'elle parte je lui ai dis ton nom à son oreille, car elle ne pouvait plus parler, je l'ai embrassé pour toi."

À ce moment je suis en plein coeur de la salle commune au foyer. Je fonds en larme ne retenant que très peu mes sanglots. " Sois en paix..." Les gens s'affairaient à leurs tâches autour de moi. Je suis seule face à un écran qui ne me renvoi aucune compassion. L'impression d'être seule s'accroît, malgré le bruit autour, il ne reste plus que moi et le son de mon coeur crispé.

Au bout d'un moment, je réagis, clique sur "répondre", je tente d'écrire en retour à maman, le clavier français rend mon rythme misérable, je ne sais pas quoi dire. Je ne peux pas imaginer le chagrin de ma mère, le mien est vaste, j'aimerais être auprès de ma famille pour traverser cette épreuve. Au lieu de ça, j'ai traversé une partie de la ville. C'est l'océan qui a bercé ma peine, le vent a séché quelques larmes et emporté les autres auprès de ceux que j'aime partageant ainsi leur chagrin.

Je tenais à faire ce dernier hommage à Grand-maman Marguerite de laquelle je garde un souvenir plein d'humour, de joie et d'amour.

Merci de partager ce moment avec moi.



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